- EAN13
- 9782221234334
- Éditeur
- FeniXX rédition numérique (Robert Laffont)
- Date de publication
- 1983
- Collection
- Diapason
- Langue
- français
- Langue d'origine
- français
- Fiches UNIMARC
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Comment l'Allemagne est devenue musicienne
Marcel Beaufils
FeniXX rédition numérique (Robert Laffont)
Diapason
Livre numérique
Lorsque au milieu du XVIIe siècle prend fin la guerre de Trente Ans,
l’Allemagne en sort exsangue et morcelée. Dans les campagnes dévastées, une
horde grouillante de musicastres, pittoresques et miséreux, souffle et racle à
toute heure de ses instruments, tandis que les petites villes dévastées n’ont
plus de musique décente qu’à l’église. Or voilà que va sourdre, en une lente
gestation, un immense effort collectif parti du fin fond de l’âme nationale,
qui aboutira en deux siècles au drame musical wagnérien. A l’heure où il n’est
pas de cour, si petite soit-elle, qui ne singe Versailles, baragouine le
français et s’offre de l’opéra à l’italienne, dans les villes, amateurs et
bourgeois, écrivains et penseurs aspirent, confusément d’abord, puis à visage
découvert, à une musique allemande, un opéra allemand un art allemand, qui
seraient l’expression la plus profonde d’une vision du monde commune à cette
nation tout entière qui cherche à définir son identité la plus intime — et la
trouvera dans la musique. Kant, Goethe et Herder seront les porte-parole des
mille acteurs de cette épopée bariolée qui lève de la glèbe pour se couronner
dans la métaphysique. Par l’organisation laborieuse et patiente des
institutions musicales, des sociétés de concert, des chorales et des opéras et
au travers d’innombrables publications et revues de musique un peuple a
enfanté Mozart, Beethoven et Wagner, est parvenu aux plus hautes destinées de
l’esprit et à la spéculation abstraite. Par la musique vers l’obscur : tel
était le titre initial de cette étude unique en son genre, inaccessible
jusqu’alors et que voici enfin mise à la portée d’un public pour qui elle
revêt une brûlante actualité.
l’Allemagne en sort exsangue et morcelée. Dans les campagnes dévastées, une
horde grouillante de musicastres, pittoresques et miséreux, souffle et racle à
toute heure de ses instruments, tandis que les petites villes dévastées n’ont
plus de musique décente qu’à l’église. Or voilà que va sourdre, en une lente
gestation, un immense effort collectif parti du fin fond de l’âme nationale,
qui aboutira en deux siècles au drame musical wagnérien. A l’heure où il n’est
pas de cour, si petite soit-elle, qui ne singe Versailles, baragouine le
français et s’offre de l’opéra à l’italienne, dans les villes, amateurs et
bourgeois, écrivains et penseurs aspirent, confusément d’abord, puis à visage
découvert, à une musique allemande, un opéra allemand un art allemand, qui
seraient l’expression la plus profonde d’une vision du monde commune à cette
nation tout entière qui cherche à définir son identité la plus intime — et la
trouvera dans la musique. Kant, Goethe et Herder seront les porte-parole des
mille acteurs de cette épopée bariolée qui lève de la glèbe pour se couronner
dans la métaphysique. Par l’organisation laborieuse et patiente des
institutions musicales, des sociétés de concert, des chorales et des opéras et
au travers d’innombrables publications et revues de musique un peuple a
enfanté Mozart, Beethoven et Wagner, est parvenu aux plus hautes destinées de
l’esprit et à la spéculation abstraite. Par la musique vers l’obscur : tel
était le titre initial de cette étude unique en son genre, inaccessible
jusqu’alors et que voici enfin mise à la portée d’un public pour qui elle
revêt une brûlante actualité.
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