La vie des écrivains classiques, le roman, la lecture, la biographie et l’écriture : réflexion côté table de travail – et de l’écrivain dans le rôle de celui qui fait entrer les paquebots en bouteille
EAN13
9782814500372
Éditeur
PublieNet
Date de publication
Collection
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Langue
français
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La vie des écrivains classiques

le roman, la lecture, la biographie et l’écriture : réflexion côté table de travail – et de l’écrivain dans le rôle de celui qui fait entrer les paquebots en bouteille

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[...] L’écrivain classique est comme une plume dans la main géante d’un autre
corps dont il ignore le visage et le nom, et dont jamais il n’entendra
résonner le timbre de la voix. L’écrivain classique ne sait presque rien, mais
pourtant il sait tout ce qu’il a à savoir, il ne se trompe pas, il est attiré
par son but comme la limaille par l’aimant, il est tracté vers lui. Il n’y a
pas d’autre pourquoi. L’écrivain n’a pas à se demander pourquoi le monde est
là ; il constate que le monde est là, et que lui-même, également, est là pour
l’observer. Il s’en félicite.

Partout, on entend dire que les écrivains furent d’abord des amoureux de la
lecture. On raconte que pour devenir un écrivain classique on va d’abord aimer
les écrivains classiques, qu’on va les lire pendant toute son enfance et sa
jeunesse, et que pour les imiter un jour on va écrire. C’est faux. Les choses
ne se passent pas comme ça. Celui qui sait lire vraiment les écrivains
classiques est lui-même un écrivain classique. Les meilleurs spécialistes des
grands peintres du XIXe siècle furent les grands peintres du XXe siècle, et
ainsi de suite de siècle en siècle entre les siècles. L’Art transperce la
Société et créé la Civilisation d’une manière mystérieuse qui n’a rien à voir
avec la compréhension directe des œuvres par les personnes qui les
rencontrent. Les lecteurs, les spectateurs, les auditeurs, sont infusés sans
le comprendre et parfois sans le savoir. L’échange reste caché. Seuls les
grands artistes en connaissent les ressorts. Si les critiques d’Art, les
professeurs d’Université, les mécènes, sont si lents et si lourds, c’est parce
qu’ils parlent des œuvres à l’aide d’un support qui n’est pas l’Art ; ils
essayent de faire entrer des paquebots dans des bouteilles, c’est impossible.

M.P.

Pas un de nous, auteurs, pour ne pas être sans cesse saisi du à quoi bon, et
pourquoi l’effort extrême, la durée démultipliée, pour l’humble circulation du
livre, dans une profusion marchande qui en général s’en préoccupe bien peu.

Et pourtant, de quoi ou qui sommes-nous héritiers ? Y a-t-il une
responsabilité à cette tâche ? Et le discours que nous-mêmes avons à tenir
quant à notre travail, si nous souhaitons y tenir, n’est-il pas une nouvelle
illusion ou une nouvelle fiction ?

Avec l’humour à froid d’un discours impeccablement tenu, Marc Pautrel nous
promène dans des miroirs à la Henry James : rien n’est conclu ni asséné, et
surtout pas de moralité. Mais c’est le lecteur qui se retrouve quasi nu dans
la question multipliée...

FB

Marc Pautrel vit à Bordeaux. Après un premier livre, Le métier de dormir aux
éditions Confluences en 2005, il a publié L’homme pacifique, roman, chez
Gallimard en 2009, ainsi qu’un très beau récit, Je suis une surprise, Atelier
In8, 2009.

Marc Pautrel propose depuis deux ans, sur le web, un triptyque très court qui
constitue son journal de travail : Carnets, en parallèle d’un blog de
référence, Ce métier de dormir.

Il participe au comité d’orientation et publication de publie.net. La
réflexion sur l’écriture est constamment au centre de ses thèmes narratifs.
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