Dormants, un triptyque, l’envie d’aller porter du cognac à ses morts
EAN13
9782814501041
Éditeur
PublieNet
Date de publication
Collection
L'Inadvertance, poésie
Langue
français
Fiches UNIMARC
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Dormants, un triptyque

l’envie d’aller porter du cognac à ses morts

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L'Inadvertance, poésie

Livre numérique

  • Aide EAN13 : 9782814501041
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Un texte beau et dense. Une tradition, le chant poétique pour honorer les
sans-voix, le tombeau.

Et fascination supplémentaire, en terre de Bretagne, à ce que la frontière est
toujours si poreuse.

Trois blocs-textes dont chacun serait hommage, plus qu’au seul portrait
dressé, à ce que chacun de nous porte de morts. Mais c’est concret, c’est la
prose poussée jusqu’à charge d’homme :

L’homme au pilon offre ses restes d’arthrose au soleil. Il fume debout près
d’une faucheuse rouillée. Devant lui, il y a la maison éventrée où Eugène M.,
l’ancien terre-neuvas, s’est pendu. Depuis peu, poutres pourries et ardoises
cassées s’emmêlent et s’émiettent sous les ronces.
Entre deux taffes, il revoit l’encordé, poussant une brouette sur laquelle
était posé un fût rempli de langues et de joues de morues conservées dans du
gros sel. Il rentrait tard par les fossés. Finissait sa tournée en gueulant
aux fenêtres que c’était sa part de pêche, son quota de fatigue et de travail
pour rien qu’il se devait de distribuer aux gens du hameau.

Jacques Josse est un de ceux à qui, dès l’ouverture de ce projet, il m’a
semblé important de solliciter la présence. On sait qu’ici les cartes
traditionnelles se rebrassent : il ne s’agit pas d’auto-édition, parce que
nous passons — en équipe — beaucoup de temps à la relecture, accompagnement,
corrections selon le processus habituel aux normes de l’édition graphique.
D’autre part, il s’agit de défricher ensemble une pratique encore neuve :
comment utiliser nos écrans et nouveaux supports, sur lesquels, pour la vie
professionnelle comme dans nos pratiques culturelles et les échanges privés,
nous passons de plus en plus de temps, pour y dialoguer aussi avec la
littérature ?

Jacques Josse est de longtemps à ce carrefour. Auteur, il vient de faire
paraître aux éditions Apogée Les lisières [1].

Ses amis de Rennes savent qu’il travaille (et depuis bien longtemps) au tri
postal : peut-être oublie-t-on aujourd’hui, dans la désaffection de l’ancien
rôle des Postes, ce que ces lieux rassemblent d’histoire sociale et de luttes.
Mais Jacques est aussi, avec quelques-uns, dont François Rannou aussi à bord
de l’expérience publie.net, l’initiateur d’une vie poétique dans la ville :
lectures, rencontres, invitations. Et c’est complété d’une expérience aussi
originale que questionnant la nôtre : Wigwam propose, sur abonnement (à peine
20 euros pour 6 parutions/an) des textes brefs, édités dans la haute tradition
typographique. Lire sur tierslivre.

Trente pages, un triptyque : on devine que les morts des deux extrémités du
rétable ne sont pas de celles et ceux dont on peut se séparer. Mais dans ce
hameau des morts qui fait le coeur du dispositif, c’est un rapport au
territoire, à la dureté des éléments (presque évoquant La légende de la mort
d’Anatole Le Braz : traversées de village, la vie d’aujourd’hui dans ses
métiers, ses échanges). Et les morts n’y sont pas détachés de ce qu’on en
porte : ils sont l’absente, ou cohorte, ou dormeurs, ou dormants...

FB

Pour faire connaissance avec Jacques Josse, on propose de lire Emaz, Josse, de
l’inquiétude, mais surtout de passer par remue.net, dont il est membre du
comité de rédaction, où on pourra trouver réflexions ou inédits. A visiter
aussi, les éditions Wigwam.
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