Le livre l’immeuble le tableau, journal du regard : le peintre et les livres, le peintre et le réel
EAN13
9782814501393
Éditeur
PublieNet
Date de publication
Collection
Critique & Essai
Langue
français
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Le livre l’immeuble le tableau

journal du regard : le peintre et les livres, le peintre et le réel

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  • Aide EAN13 : 9782814501393
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Pendant 2 ans, de 2003 à 2005, j’ai eu le privilège de proposer, à l’Ecole des
Beaux Arts de Paris, l’UV littérature. En complément, pas mal de temps passé
avec les étudiants, y compris pour les faire écrire. Toujours malheureux
d’ailleurs que la direction de l’école n’ait pas compris l’urgence et le
besoin de cette démarche : rien que pour cela, lire Jérémy Liron donne le
chemin de crête.

J.L. n’a pas assisté à ces 2 ans d’atelier en petit groupe, et plusieurs sont
devenus des amis, des travaux qui me sont proches, ou dont je suis à distance
le chemin. Si j’ai littéralement percuté dans la peinture de Jérémy Liron,
c’est probablement à cause d’un seul mot, la notion de présence.

Une présence évidemment liée à la ville, et évidemment tissée à même le
quotidien. Un banal bâtiment de trois étages en béton, un carrefour de
périphérie et voilà. Mais sans qu’on sache. A l’arrangement des signes, aux
géométries.

Hopper nous a appris à venir là. Mais il y a tant de démarches qui
recommencent Hopper, avec les yeux tout ronds devant le moindre pignon
d’immeuble. Le risque que prenait Jérémy Liron, c’était de s’en prendre à
cette peau même, là où plus rien ne peut conférer ce signe minimum, qui
organise par exemple la toile chez Hopper.

La démarche de Jérémy n’est pas isolée. J’ai connu un Julien qui s’en allait
dessiner en banlieue les différentes faces des carrefours et ronds-points, ou
la totalité de leurs détails, que ses dessins ne recomposaient pas. Ou Nicolas
Dion explorant avec photo et dessin le point exact où, vers Roissy, se
dissolvait à son avis la ville. Ou Assaf Gruber, l’Israélien, cherchant à Tel
Aviv, Berlin et New York le même arrangement simple de ciment, nous forçant à
nous écarter de l’espace comme singularité.

Et pas plus que nous autres, côté plume, ne pouvons nous dispenser de l’image
pour documenter le réel, eux ne peuvent se dispenser d’une pratique
intentionnelle de la langue. Et ils l’agrandissent, cette langue, par leur
précision de regard sur le réel, et leur techné dans la construction de ses
représentations (je repense à l’instant à celui qui, pour son diplôme de fin
d’étude, avait repris l’idée de Koltès d’un lieu clos suffisamment grand pour
tenir l’humanité tout entière : gigantesque stade modèle réduit avec 6
milliards de places répertoriées).

Pour Jérémy Liron, il y deux autres dimensions.

La première tient à ce que, son diplôme acquis, il a voulu s’accrocher à sa
discipline : ça semble facile, quand on se souvient des ateliers de peintre au
19ème siècle. La peinture exige qu’on s’y consacre en entier. Il y a
l’équivalent pour l’écriture, d’ailleurs, et pour cela que je suis un peu
interloqué de voir que les nouveaux arrivants dans la littérature, si souvent,
désormais, gardent leur métier d’origine. Mais les locataires des immeubles
que peint Jérémy ne lui achèteraient pas ses toiles, comme Hopper vendait aux
bourgeois le tableau de leur villa. Alors, depuis 3 ans, le voilà itinérant,
de Valenciennes à Montluçon. Logé précairement, avec des ateliers jeunes
publics, il a bénéficié de plusieurs résidences : gloire et honneur à ces
villes qui les accueillent, ces jeunes plasticiens, avec 500 euros par mois,
une liste d’interventions scolaires et un deux pièces avec Butagaz.

La seconde tient à Internet. D’expo en expo, il grimpe, Liron, même si c’est
aussi rude que les hivers à Montluçon. Mais, d’une expo à l’autre, c’est par
le blog qu’on le suit au travers des jours. Le blog, c’est de l’écriture : et,
le langage mis en réflexion du monde, ça s’appelle littérature.

Qu’est-ce que la littérature version Jérémy Liron ? Je ne sais pas. Ce que je
vois, c’est le combat d’un regard et du réel. Et que là, dans cette tension,
viennent les livres, viennent les mots.

Il y a assez, dans les 21 pages ci-dessus, pour que vous découvriez ce qui se
joue dans ce journal. Si vous voulez lui mettre un mot, passez par son blog.
Cette section de son journal fait 42 pages : on la télécharge pour le prix
d’un café au comptoir. Offrez-le lui, ce café ? Un petit geste fraternel, ça
ne fait pas de mal, dans les temps qui courent. Si j’ai proposé en lecture
libre la presque moitié du texte, c’est pour la phrase qui conclut la page 21.

Pour découvrir le travail de Jérémy Liron : Les pas perdus, blog.

Ou dans les pages invités de tiers livre, avec images. Et mise en ligne
simultanée avec ce texte, un autre ensemble du même journal Les pas perdus
2007.

Et si c’était là, chez eux, que la littérature se réinventait ?

Et si la leçon, c’était d’y lire le réel comme fiction – ou bien, que là était
la fiction d’aujourd’hui : dans l’expérience même du réel, et ce qu’elle
convoque d’imaginaire, ou bien là où elle nous renvoie...

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