Enregistré sous..., Le sentiment de marcher sur l’échine d’un animal préhistorique.
EAN13
9782814501713
Éditeur
PublieNet
Date de publication
Collection
Temps Réel
Langue
français
Fiches UNIMARC
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Enregistré sous...

Le sentiment de marcher sur l’échine d’un animal préhistorique.

PublieNet

Temps Réel

Livre numérique

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> En ligne simultanément sur publie.net, de Philippe Berthaut : Seau rouge
seau bleu.

L’atelier d’écriture doit être le lieu par excellence du flottement dans la
langue. Là où justement les noeuds se desserrent. Le lieu de libération de ce
qui travaille en nous et que nous ignorons. Là aussi, pas tant pour mettre au
jour quelque trauma enfoui que pour découvrir notre lexique personnel sans
lequel il ne peut y avoir d’écriture réelle. Lieu de flottement sans cesse
suscité pour renforcer notre intelligence intuitive. L’atelier d’écriture :
pratique intensive de l’intelligence intuitive.

Le livre de Philippe Berthaut sur sa pratique des ateliers d’écriture, La
Chaufferie de la langue, est un des moins normatifs qui soient. Parcours,
dispositifs, mais toujours pour construire cet accueil de l’écart, du non
raisonné, où on entend sonner l’irréductible de la langue.

Ce long journal de travail, ces 72 pages qui doivent représenter quelques 300
fragments sur l’écriture, pourrait être comme l’application à soi-même de ce
passage de son introduction à Chaufferie. Sauf qu’on ne s’applique pas cela
volontairement. Le retour de l’atelier d’écriture sur celui qui l’anime, c’est
plutôt qu’à un moment donné on prend place soi-même sur le plongeoir qu’on a
bâti pour les autres, et qu’on s’y lance.

Alors il y a des réflexions sur l’espace, le voyage. Il y a une masse de
réflexions concrètes prises à cette vie de tous les jours du balladin, comme
on le disait un peu péjorativement dans nos campagnes, mais qui correspond si
bien à Berthaut, aussi bien chanteur (à textes, quelle expression bizarre
aussi), mais arpentant sans cesse son pays de lave, de Toulouse à Albi, les
vieux terroirs de mines, les rocades de villes moyennes qui tombent, et la
confrontation aussi, parfois, à la plus haute violence sauvage, partir dans
ces endroits secrets, à plusieurs, pour y écrire. En tout cas un pays où il
est plus légitime que dans nos latitudes de relire les Picaresques, d’ajouter
un chapitre au Guzman (serais bien curieux d’entendre Berthaut s’expliquer sur
cet héritage)...

Mais, plus qu’un journal, il y a ici cette quête où on chamboule la langue. On
reçoit le mot besopin par une faute de doigts sur le clavier et on tombe dans
le dessous de la langue. On casse, on hiatus, on répète. Ou bien, dans la
vente Emmaüs d’une brocante de village, on tombe sur un de ses livres de
poèmes, publié il y a longtemps, et c’est toute la vie sur un abîme. Il y a
des rêves, qui s’écrivent, et le piège de langue qu’ils nous dressent. Il y a
cette société dure, consumériste, et à qui la tâche de tous les jours, qu’on
considère soi comme essentielle, est repoussée du coude.

Et c’est d’autant plus perceptible lorsque, au milieu du parcours, on part
pour quelques jours en Moldavie, avec les Alliances françaises. Pur
renversement du monde, comme si j’entrais dans un tableau flamand re-
présentant un village, et la réflexion sur le mot et la phrase semble exhibée
comme ces rochers noirs, sous érosion, de Champ de lave, le dernier livre de
Philippe.

Dans l’archéologie de ce qui est devenu aujourd’hui publie.net, il y a, très
loin en arrière (2000 ?), une discussion chez Fayard au sujet de leur
collection 1001 Nuits : profiter de cette diffusion à 2 euros pour tenter des
textes d’expérimentation, les diffuser dans un intervalle de temps court, et
des conditions économiques frustes. Avec publie.net, je crois que j’ai trouvé
mon ancrage : un texte comme cet Enregistré sous... m’importe, parce que c’est
passer d’atelier à atelier. Et je pèse ce mot, atelier. Nous sommes à égalité
dans une vaste marche à tâtons, précaire, ou rien n’est assuré, dès lors qu’il
y a écriture. Et c’est ici que nous avons besoin de circulation, de partage.

Merci, Philippe, de nous confier ce texte pour inaugurer un autre mode de
circulation, d’échange, de passage de la main à la main...

FB

visiter le site de Philippe Berthaut
préparation éditoriale du texte, Sarah Cillaire
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