Ceux qui songent avant l’aube, l’énumération comme arme pour dire le monde
EAN13
9782814501799
Éditeur
PublieNet
Date de publication
Collection
Temps Réel
Langue
français
Fiches UNIMARC
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Ceux qui songent avant l’aube

l’énumération comme arme pour dire le monde

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  • Aide EAN13 : 9782814501799
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L’énumération est un fondement de la littérature : qu’on aille dans la Bible,
avec l’inventaire du temple dans Exode, ou les généalogies, et qu’on aille
chercher de quelles civilisations, de quels textes hérités. Et quel bonheur et
quel émerveillement nous prend encore à Seî Shonagon et ses Notes de chevet,
la capacité du coup d’entrer dans l’an 1000 du vieux Japon, et de s’y trouver
comme en plein voisinage avec le médecin ivrogne, les ponts qui sont beaux et
ceux qui le sont moins, les bons usages et les choses qui vous mettent en
colère, comme ce crissement du cheveu pris dans la pierre à encre.

L’énumération est toujours resté une marge active de la littérature. Parce que
c’est ce que nous faisons dans nos cahiers, dans notre documentation du monde.
C’est la première construction de langage pour construire et déplacer le
regard. Il y en a chez Novarina, chez Perec et Roubaud, des poètes comme
Bernard Bretonnière.

Maintenant, Jean-Louis Kuffer. Que je n’ai jamais rencontré. Au départ, juste
la curiosité d’un blog de critique littéraire tenu en Suisse, donc un écart,
des découvertes, une attention à des auteurs qui comptent, Nicolas Bouvier le
premier, évidemment, ou la découverte de Popescu, sa Symphonie du Loup.

Mais nous tous, côté blogs, à mesure qu’on découvre l’outil et la force
d’Internet, on évolue. La critique s’ouvre à la photographie, aux scènes du
quotidien, aux réactions d’humeur. Le blog de Jean-Louis Kuffer a gagné en
arborescence, en étalement : on parle d’une musique, d’un ciel. On y développe
des correspondances.

Et puis ses Ceux qui. Au début, un exercice un peu discret, de fond de blog.
On survolait. Je m’y suis pris vraiment lorsque j’ai lu celui qui s’est
intitulé Ceux qui se prennent pour des artistes. Tout d’un coup, un malaise :
on reconnaît toutes les postures. La phrase est incisive, contrainte. Elle va
de saut en saut dans toutes les postures du rapport qu’on a chacun à notre
discipline.

Celui qui, celle qui, ceux qui, dans mes ateliers d’écriture, je me sers
fréquemment d’un texte de Saint-John Perse (le chapitre IV d’Exil) qui
fonctionne sur ce principe, en l’appliquant à la généalogie de chacun, mais
une généalogie sans noms propres ni chronologie. Les résultats toujours sont
impressionnants : la peau du monde, les silhouettes qui le portent.

Avec des effets connexes : peu importe, dans Saint-John Perse, qu’on comprenne
ou pas. Ainsi, dans les énumérations de Kuffer, la phrase Celui qui a
rencontré Dalida au temps où elle devint Miss Egypte devient signifiante même
sans rien savoir de la protagoniste. Ainsi, et là c’est déjà dans Seî
Shonagon, la juxtaposition d’éléments forts, de haute gravité, ou à teneur
politique, voire subversive, et d’éléments qui tout d’un coup provoquent le
rire, ou la seule légèreté (Ceux qui vivaient aux oiseaux en 1957).

J’ai donc demandé et obtenu de Jean-Louis Kuffer qu’on développe ici ses Ceux
qui. La preuve qu’une énumération tient, c’est quand sa propre table des
matières devient elle aussi une prouesse de langage. Voir l’extrait
feuilletable. Mais Dans une idée d’oeuvre ouverte, et la volonté de la
questionner sur publie.net : à mesure que JLK continuera son écriture, on
réactualise le texte initial, et vous disposez toujours de la dernière version
dans votre bibliothèque personnelle. Mais aussi, que le texte édité (pour
contrer le principe d’enfouissement du blog, ce que j’ai nommé fosse à
bitume), renvoie en étoile aux archives du blogs non reprises dans la
sélection de l’auteur (30 chapitres, quand même) ou à celles qui s’y
ajouteront...

Et bonne visite du site en développement infini de Jean-Louis Kuffer, la
rubrique de ses Celui qui, celle qui, ceux qui (mais attention, il y en a de
dissimulés ailleurs dans le site). Et qu’une lecture aussi vigoureusement
salutaire nous arrive des ciels suisses n’est pas neutre : on s’en réjouit
ici.

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