Le Sourire cruel des trois petits cochons
EAN13
9782843443077
Éditeur
Le Bélial
Date de publication
Collection
Roman
Langue
français
Fiches UNIMARC
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Le Sourire cruel des trois petits cochons

Le Bélial

Roman

Livre numérique

  • Aide EAN13 : 9782843443060
    • Fichier PDF, libre d'utilisation
    0.99

  • Aide EAN13 : 9782843443077
    • Fichier EPUB, libre d'utilisation
    0.99
ADELINE AVAIT TOUJOURS deux kilos à perdre, un travail à durée déterminée et
des opinions bien arrêtées sur une douzaine de séries télévisées. En clair,
c’était une fille terriblement banale, hors cette habitude, dont elle n’avait
jamais réussi à se débarrasser, de s’endormir avec une grosse boîte à gâteaux
vide serrée contre elle. Elle parcourait ses rêves, la boîte sous le bras, et
la ramenait emplie de brimborions oniriques. Une fois, c’était une canne
sauteuse, une canne en bois noire ramassée dans un cauchemar idiot, qui
sautillait tout le temps et qu’Adeline, à bout de patience, enterra nuitamment
près d’un calvaire de Rostrenen (elle doit toujours y être). Une autre fois,
c’était un bon litre d’eau de lac de fée, qu’Adeline avait mis en bouteille et
posé sur sa table de nuit. On y voyait parfois passer le visage idiot d’une
sirène ou le regard gélifié d’un noyé. Adeline conservait aussi une petite
robe de perles de jais dans laquelle elle ne rentrait plus, un optique de feu
rouge en plastique bleu, une poignée de sable dévoreur, un pot de miel
impossible à vider, une plaque de rue émaillée « boulevard Higelin » et une
paire de ciseaux en cuivre couverts de reflets d’yeux verts. Ce dont Adeline
rêvait, ou plus exactement ce qu’elle voulait et dont elle n’arrivait pas à
rêver, ce qu’elle avait toujours cherché et jamais trouvé, c’était une
baguette magique. Elle savait exactement quoi lui demander et dans quel ordre,
tant elle avait passé d’heures à ordonner ses désirs. Elle la découvrit
finalement, un matin de ses vingt-trois ans, alors qu’elle abordait le rivage
amer du réveil après un voyage au bout de la mer infinie — là où la mer se
recourbe, quand l’île que vous devez bientôt aborder se trouve juste au-dessus
de votre tête, verte et noire dans son lagon d’eau claire, et que des fruits
en tombent pour rebondir sur le pont de votre bateau… La baguette était là,
dans la brume épaisse des frontières du rêve, plus fine qu’un cheveu,
intermittente. Adeline tendit la main, referma sa boîte et se réveilla.Elle
souleva doucement le couvercle : la baguette y était toujours.
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