Rhume des foins
EAN13
9782843443152
Éditeur
Le Bélial
Date de publication
Collection
Roman
Langue
français
Fiches UNIMARC
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Rhume des foins

Le Bélial

Roman

Livre numérique

  • Aide EAN13 : 9782843443145
    • Fichier PDF, libre d'utilisation
    0.99

  • Aide EAN13 : 9782843443152
    • Fichier EPUB, libre d'utilisation
    0.99
C’EST UNE GRANDE MAISON en bois cérusé, blanche et gracile, échouée parmi les
fleurs. On y entre par des portes-fenêtres gréées de mousselines et une
galerie en fait le tour, séparée du jardin par une colonnade mangée de vigne
vierge.Pour aller de la route à la maison, il faut remonter une longue allée
tracée à même un fouillis de chèvrefeuille. Le climat est si doux que les
floraisons se succèdent sans interruption, d’un bout à l’autre de l’année,
entretenant une jungle de parfums. C’est l’allée des vapeurs et des ivresses,
un champs de pavots n’est pas plus suffocant, ni plus enchanteur. Les lilas
s’enlacent à l’infini entre les fûts droits des tilleuls, élèvent vers les
frondaisons des vrilles de pollen puis roulent enchevêtrés vers le sable de
l’allée, qu’ils dévorent.Le reste du jardin est une houle d’herbe où tanguent
des corbeilles d’œillets, où transhument des troupeaux de fuchsias. Entre les
flaques couvertes de nénuphars que bénissent les saules, tournoient des
bosquets de laurier-roses poisseux. En écartant les branches, on rencontre
parfois un buste moisi, ou un reste de balancelle, un kiosque en roseau
pourrissant, une jardinière moustachue de menthe, un souvenir de plate-bande
où le jasmin et le cannabis se battent en duel. On peut craindre parfois de se
perdre, mais on retrouve toujours la maison, à cause des rires.Sous la galerie
sont servis à toute heure du thé brûlant, du café chaud, des gâteaux encore
tièdes, des sirops glacés et des sourires chaleureux. Ça sent bon le bois, la
citronnelle et le frais. Assis sous la véranda, j’ai vu bien des fois le
soleil se coucher au fond du jardin, allumant des vers luisants dans la
pelouse et des incendies sur l’horizon. Longtemps cette maison, ses parfums et
ses livres, a été pour moi le paradis sur Terre. Et savez-vous quel serpent
m’en a chassé ?Le rhume des foins.Mais il ne m’est pas venu tout seul, oh non…
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