Maurice Blanchot : l'écriture comme expérience du dehors

Au centre de cette étude est l'idée que l'écriture constitue chez Blanchot une expérience dont l'étendue et la radicalité ne sauraient être surestimées. L'écriture est en effet "la force par laquelle tout est mis en cause". Elle est contestation, bouleversement. Elle défait l'ordre du monde, et lui substitue un autre ordre, étranger au monde : le dehors. Cette mise en cause est étudiée à trois niveaux. Celui du langage d'abord : l'écriture conteste la primauté du langage instrumental, orienté sur le 'message' à transmettre. Celui du réel ensuite : l'écriture déracine le monde visible, lui juxtaposant l'imaginaire. Enfin, le niveau du rapport à autrui, puisque l'écriture est d'emblée considérée comme rencontre, comme rapport privilégié entre écrivain et lecteur, bref comme 'communauté'. Communauté impossible, car fondée sur l'absence, sur la séparation et la solitude.Dans le prolongement de cette analyse, l'étude s'attache à la dimension éthique du questionnement de Blanchot, question peu examinée jusqu'à ce jour. La notion de communauté pose en effet l'urgente question de la responsabilité de l'écrivain, centrale dans les écrits récents de Blanchot.