Jean Richin et consorts, archiprêtres "infâmes"

Entre septembre 1699 et novembre 1709, les agissements de quatre archiprêtres de la cathédrale de Vannes, c’est-à-dire de quatre de ses musiciens ou chantres, défraient la chronique locale. Jean Richin, Michel Clavier, Jean-Baptiste Bressy et Étienne Colon de Voneuil ne cessent de s’opposer à leurs employeurs. Se faisant remarquer par de très nombreux manquements dans l’exercice de leurs charges, ils obligent les chanoines à multiplier les sanctions.
Partant d’un ensemble de faits parfois pittoresques mais qui restituent la vie de la micro-société de la cathédrale, l’examen de cette décennie permet d’aborder des questions aussi diverses que les relations entre les chanoines et leurs « dépendants de l’intérieur », les relations au sein du bas chœur, les stratégies déployées par le chapitre pour tenter de rétablir l’ordre. L’étude des dossiers de procédures rassemblés contre les archiprêtres, éclairés par le recours aux comptes du chapitre et aux registres de délibérations capitulaires, mais aussi par le renouvellement récent de nos connaissances sur les bas chœurs des cathédrales – en particulier sur les musiques –, permet plus globalement de décrire le chapitre cathédral de Vannes au tournant des xviie et xviiie siècles. Au-delà, l’ouvrage s’interroge sur les logiques de l’institution capitulaire d’Ancien Régime, sur les racines des comportements déviants de certains ecclésiastiques et, partant, sur les limites de l’entreprise de formation et de moralisation du clergé des deux derniers siècles de l’Ancien Régime.