Les amants papillons

Alison Wong

Liana Levi

  • Conseillé par
    17 avril 2011

    Dans la Nouvelle Zélande du début du XXe siècle, nous suivons alternativement la vie de Katherine et Yung, deux êtres que tout devrait séparer mais qui sont finalement très semblables de part leur statut : ils ne valent rien. Lui est un émigré chinois, elle une mère au foyer. Il est méprisé par les néo-zélandais qui se moquent de lui, de ses vêtements, de ses cheveux…Elle est raillée et délaissée par son mari qui pense que les femmes ne valent rien, ou du moins qu’elles n’ont aucune intelligence…


    Entre 2 chapitres et le rapprochement inéluctable de ses deux êtres qui s’attirent, l’auteur en profite pour nous raconter la vie en Nouvelle-Zélande à cette époque-là. Racisme, ostracisme et violence impunie envers les émigrés, nombreux à l’époque : Chinois, Hindous, Syriens…Ceux-ci n’étaient pas considérés comme des Hommes mais plutôt comme « moins que des chiens ». La condition féminine n’était pas bien meilleure. Le statut de la femme était à l’échelle de celui de son mari, sans qui elle ne valait pas grand-chose. La plupart des filles n’avaient pas droit à l’éducation, qui était considéré « contre-nature ». Une femme qui se mariait avec un émigré Chinois par exemple, perdait sa citoyenneté britannique et elle pouvait être accusée de vagabondage et perdre ses enfants…D’ailleurs, la note de l’auteur à la fin du livre est particulièrement intéressante en ce qu’elle nous explique s’être inspiré du contexte et de faits véridiques de l’époque. Les Amants Papillons peuvent donc être classés dans le genre historique, ce qui donne du poids à l’œuvre.
    Dans la deuxième partie, l’auteur s’intéresse également à la vie des épouses restées en Chine dans l’attente de la bonne fortune de leur mari émigré. Époux qui « oubliaient » souvent de venir les récupérer, passées de nombreuses années. J’ai particulièrement apprécié cette partie du récit, très bien rendue avec l’histoire tragique de l’épouse de Yung restée au pays.
    Un petit mot sur le style de l’auteur, simple, avec quelques expressions empruntées au Chinois. J’ai trouvé l’enchaînement des chapitres un peu maladroit parfois, certaines chutes auraient méritées d’être un peu plus travaillées… Le tout manquait un peu de fluidité, rien de rédhibitoire cependant.