Le testament de Marie

Colm Tóibín

Robert Laffont

  • Conseillé par
    22 septembre 2015

    Au nom de la mère.

    Colm Tóibín est un des grands écrivains irlandais contemporains. Une bibliographie très riche et variée. Du journalisme avec « Blad Blood » en passant par de nombreux romans, « Le maître », « Le bateau phare de Blackwater », « Désormais notre exil » entre autres et un recueil de nouvelles « L’épaisseur des âmes ».
    Ici il s’éloigne de ses rivages habituels, en avait-il d’ailleurs ? Ses écrits se passent en Argentine, en Espagne, aux États-Unis ainsi qu’en Irlande. L’auteur nous livre dans ce court roman les « Mémoires de Marie » mère de Jésus qui porte souvent un œil critique sur les agissements de la « horde d’égarés » qui accompagnait celui-ci !
    Marie est sur la fin de sa vie, elle vit cloitrée dans sa maison et surveillée par, semble-t-il, deux hommes qui la questionnent. Elle se remémore… car dit-elle :
    « La mémoire emplit mon corps autant que le sang et les os ».
    La colline, les gens venus assister à la mise à mort, cet homme avec un oiseau en cage qu’il nourrissait de petits lapins vivants, un autre surnommé « L’étrangleur ». Pour elle, c’est le jour de la perte de son fils, nom qu’elle ne peut plus prononcer, alors c’est « lui », « mon fils », « notre fils », « celui qui était ici », « votre ami » ou « celui qui vous intéresse » !
    Cet homme qui rassemble au début des jeunes gens égarés ; quasiment des enfants, ses disciples deviennent de plus en plus nombreux. Mais pas forcément plus disciplinés. Marie reste en dehors de tout cela, elle ne comprend pas.
    Elle se souvient de « Cana », de Marc et des noces de personnes qu’elle connaissait à peine. L’espoir caché était de revoir son fils et de le convaincre de revenir avec elle, de rentrer dans le droit chemin. Vain espoir ! Elle apprend pour Lazare, sa mort et sa résurrection, le rôle de son fils !
    Puis l’eau qu’il change en vin, les invités ayant encore soif. La liste des miracles est trop longue à énumérer et ce n’est pas le but de ce livre.
    Le personnage principal de ces écrits est la narratrice, Marie, la mère. Elle est pour le moins dépassée, mais garde un œil très critique sur les amis de jeunesse de son fils.
    Mais elle le pleurera et finira sa vie dans la solitude, n’ayant plus besoin ni de rêve, ni de repos.
    Nous connaissons tous l’histoire de Jésus, mais ici ce n’est pas la voie officielle de l’Eglise qui parle. C’est une mère.
    L’Histoire Universelle avec un grand H dans une version beaucoup plus humaine vue à travers le prisme d’un regard maternel ! Et pas n’importe quelle femme...
    Bien sûr, nous n’ignorons pas l’histoire des premiers chrétiens et la crucifixion du Christ, mais ici tout est désacralisé. Des évènements qui furent la base de la chrétienté remis à l’échelle d’hommes et de femmes de l’époque, qui ne savaient pas l’importance de ce à quoi ils participaient !
    Les narrations de la mort de Jésus et de la parodie de justice qui lui fut rendue sont un des moments forts de ce roman.
    L’écriture de Colm Tóibín est toujours très belle et précise. Le choix du sujet est une surprise de la part de cet auteur, un livre agréable à lire, mais j’ai eu une impression de déjà-vu.


  • Conseillé par (Libraire)
    4 septembre 2015

    L'histoire d'une mère

    C'est l'histoire d'une mère qui a vu son fils partir, être suivi par des " égarés " ( p17 ), faire revenir à la vie un cousin, et la considérer comme une inconnue.
    C'est l'histoire d'une mère qui n'arrive pas à comprendre pourquoi tout le monde connaît son fils, alors qu'elle même ne le reconnaît pas.
    C'est l'histoire d'une mère connue de tous mais pas sous cet angle.

    C'est un très beau texte.