Mort et renaissance du vin de Bordeaux

En embrassant l’industrie de la chimie et la standardisation, les producteurs de vin de Bordeaux se sont fourvoyés. Durant la seconde partie du XXe siècle, des molécules de synthèse créées par des firmes de l’agroalimentaire ont été introduites dans ce vignoble âgé d’une vingtaine de siècles. Les traitements se sont multipliés jusqu’à faire de la Gironde l’un des départements de France le plus gourmand en pesticides. Peu de vignerons ont résisté à cet engouement, et le vignoble en a été affecté de fond en comble. En retour, moult polémiques et scandales ont fini par s’abattre en cascade sur le vignoble qui, de surcroît, a été victime d’un dédain gustatif de la part des consommateurs. Confronté à une crise de nature environnementale, gustative et commerciale, le vignoble a dû changer d’ère à marche forcée, dans la douleur y compris en arrachant ses vignes. Il n’y aura pas de retour en arrière. Heureusement pour ce produit emblématique de l’art de vivre à la française, le vin de Bordeaux a été réinventé par des vignerons précurseurs et avant-gardistes. Il convenait de les rencontrer et de décrire leurs parcours. Durant plus de dix ans, l’auteur a ainsi suivi pas à pas l’actualité du vignoble girondin, été témoin d’affrontements fratricides et a enquêté sur ces militants qui se sont attaqués à la forteresse bordelaise. Dans une première partie, Sébastien Darsy s’attache à décrire la lente décrépitude du vignoble ; dans la seconde partie, il montre comment Bordeaux peut se réinventer via le parcours de vignerons marginaux, qui, à contre-courant, se sont ouvert les voies du succès. Jadis conspués ou minorés, ils ont su, chacun à leur manière, conjuguer excellence environnementale et gustative. Et servir d’exemple pour sauver Bordeaux et ses terroirs fabuleux.