Agnès L.

Conseillé par (Libraire)
18 février 2013

Pypngyang : prison à ciel ouvert

Rêvez-vous parfois de la Corée du Nord ? Peuplée de 24 millions d’habitants, sous le joug de la dynastie des Kim depuis, la Corée du Nord reste à ce jour le pays le plus cadenassé du monde. Plus habitué à voyager dans de chaudes latitudes, c’est pourtant dans ce royaume énigmatique que nous invite Jean-luc Coatalem. Troquant sa casquette de rédacteur en chef adjoint du magazine Géo, il coiffe avec habilité celle d’un vrai-faux responsable d’agence de Tourisme en quête de nouvelles destinations. En compagnie de son ami Clorinde, il s’envole pour Pyongyang en février 2011 après bien des tracasseries administratives avec les autorités Nord-coréennes. Voyage au pays de la paranoïa, ils sont dès leur arrivée pris en charge par trois guides, la visite du pays est totalement encadrée. Aucune improvisation, pas question de s’éloigner de l’hôtel, pas de contact possible avec la population. Au programme visites de maisons modèles, découverte de sites touristiques sans saveurs, cérémonies et défilés « à la gloire du Leader Suprême ». Dans la solitude de leurs hôtels froids et déserts, devant des assiettes chiches en nourriture, Jean _Luc Caotalem saisit sur le vif ses impressions mi-amusées, mi- consternées. Le voyage se fait étouffant, la mélancolie le gagne. En fin observateur, malgré tous les interdits, il décerne la détresse de ce peuple souffrant d’une oppression constante, d’une pauvreté galopante

Conseillé par (Libraire)
5 février 2013

Bernie Gunther et la guerre froide

La force de Philip Keer est d’allier une qualité d’écriture et un solide contexte historique. Dans ce nouvel opus, nous retrouvons son personnage principal Gunther Bernie dans les affres de la guerre froide. Tout démarre en 1954 à Cuba où Gunther tente d’extrader par voie maritime une sulfureuse opposante cubaine vers Haïti. Il est arrêté par la CIA et enfermé à New York puis ramené secrètement à Berlin au Landsberg où il subit jour après jour des interrogatoires musclés. Pourquoi cette arrestation, qu’attend la Cia de Gunther Bernie. ? La Cia recherche des informations sur l’Allemagne de l’Est et sur les Russes, mais elle cherche avant tout à tracer le portrait d’un homme, celui de Erich Mielke, chef de la Stasi. Quel rapport avec Bernie ? A maintes reprises, le chemin des ces deux hommes se sont croisés. Au fil de ses interrogatoires, Bernie Gunther se livre et revient sur son engagement dans les SS, sa traque en France des opposant communistes allemands, sa guerre sur le front de l’ Est, sa capture par les russes, et ses terribles années de détention dans les camps de travail forcé en URSS. L’affaire se corse quand les services secrets français s’intéressent eux aussi aux informations livrées par Gunther Bernie. Notre personnage passe de services secrets en services secrets. Qui manipule qui ? L’histoire s’étoffe, devient trouble et passionnante. Et malgré toutes ces révélations, Philip Keer, dans un style alerte et imagé se contente de ne lever qu’un petit voile de Bernie Gunther

Conseillé par (Libraire)
26 novembre 2012

L'Enfer est de ce monde

Si vous ne connaissez pas la Louisiane rurale d’après guerre, plongez-vous avec délice dans ce roman noir de James Lee Burke et suivez les aventures malencontreuses d’Avery Broussard, de J.P Winfield et de Toussaint Boudreaux. Trois jeunes aux destins tragiques que la pauvreté conduit sur de mauvaises routes. Victimes de leurs faiblesses, ils doivent lutter pour survivre. Avery Broussard, ultime héritier d’une famille de propriétaire terrien déclassée est arrêté pour trafic d’alcool. J.P Winfield, musicien itinérant tombe dans l’enfer de la drogue après une courte carrière fulgurante, et Toussaint Bourdeaux, docker noir, boxeur amateur, se fait pincer par la justice après avoir accepté un boulot louche. Avery et Toussaint sont envoyés dans un camp de travaux forcés. En pleine chaleur, ils doivent exécuter des travaux pénibles sous le regard de gardiens brutaux, sadiques qui infligent sanctions à la moindre protestation. L’enfer est leur quotidien et rien ni personne ne peut leur venir aide. Sans être des anges, nos trois protagonistes ne sont pas moins de simples individus broyés par une société où il ne fait pas bon d’être pauvres. Tableau noir de l’Amérique profonde, on retrouve dans ce premier roman de James Lee Burke écrit en 1965 tout le lyrisme et l’humaniste qui caractérise son œuvre

Conseillé par (Libraire)
26 novembre 2012

Après dix ans d’absence et de fuite à travers le monde, Serge décide de revenir à la ferme de ses parents. Il y rencontre Alexandre, le fils de son frère décédé et Louise, sa femme, venue passé quelques jours de vacances auprès de son fils dont elle a confié la garde aux parents de Franck. Tous deux ne se connaissent pas. Tout deux pour des raisons différentes ont fui cette ferme isolée. Deux êtres fragiles, abîmés par la vie. Serge, homme timide, mal à l’aise devant les siens redécouvre cette ferme familiale où le souvenir de son frère est présent à chaque instant.

Louise, femme déterminée est une femme instinctive. Ils ne parlent peu mais semblent se comprendre. Pudiques, réunis autour d’un enfant, ils semblent renaître apprivoisant des plaisirs simples dans cette nature sauvage.
Il y a incontestablement dans ce roman beaucoup de tendresse. En alternant les chapitres pour donner la voix à Serge puis à Louise, Serge Joncour nous offre un beau roman sur la pudeur des sentiments.

Conseillé par (Libraire)
14 octobre 2012

un poetique palimpseste de New York

Julius, jeune nigérian interne en psychiatrie déambule au gré des ses humeurs dans les rues de New York pour combler une solitude, un blues qui le hante mais pas seulement. Au fur et à mesure de la lecture, les raisons de ses déambulations poétiques apparaissent, Julius, par intermédiaire de ses rencontres, de gens tout comme lui esseulés, et cabossés par la vie, nous confie peu à peu ses blessures, sa douloureuse rupture sentimentale, mais aussi son passé qui le hante. On y découvre un homme amoureux de la musique classique et des arts, très observateur et ouvert aux différences. D'homme en crise, Julius se métamorphose peu à peu en cartographe, il nous fait entendre la voix d'une ville, celle de New York, ville cosmopolite où toutes les communautés et les générations se croisent. Le promeneur s'efface pour nous offrir un paysage d'émotions, une cartographie d'humeurs, et de visages, un poétique palimpseste de New York. Très beau premier roman