Eireann Yvon

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Amoureux de la lecture et de la Bretagne, j'ai fait au hasard des salons littéraires de la région beaucoup de connaissances, auteurs ou lecteurs.
Vous trouverez mes chroniques ici :
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A bientôt.
Yvon

Conseillé par
5 juillet 2010

Au vieux pays !

Un très beau livre, c'est joli, mais si en plus il est complet et très bien documenté, alors, c'est parfait.
Certains (et certaines) ici me connaissent assez bien pour savoir que je vais chercher le moindre petit détail qui me ferait dresser la barbe de colère. Et bien je n'ai rien trouvé, allez pour le principe, mais je suis sur que ce sont des problèmes de dates, l'absence de Marie Le Gall et de son très éprouvant roman « La peine du Menuisier ».

Que l'on écrive beaucoup en Bretagne, je m'en doutait, mais que le Finistère soit aussi bien représenté me laisse sans voix (enfin d'une manière provisoire). Entre les anciens, les visiteurs et les modernes, la palette est large, donc je vais me contenter de parler de ceux que j'ai lus, de ceux que je connais et de ceux que je pense lire, et la tâche est lourde! Pour ceux que par mégarde j'aurais oublié mon adresse est sur le blog et je serai au salon du livre de Carhaix!
Ce livre est présenté géographiquement, c'est original mais pas désagréable, cela permet peut être au plus érudit de distinguer les différents « pays » de Bretagne.
Puisque la coutume veut que l'on commence par les dames, tout ours mal dépoli que je sois, je m'y prête bien volontiers, mais je reconnais d'un seul coup de grosses lacunes! Elles sont en effet peu présentes dans mes lectures, mais cherchons, en tête de liste une naturalisée Marie Le Drian, dont je parle souvent (et qui me parle souvent!) puis Angèle Jacq que je vois parfois à Guidel par exemple et dont la lecture a le don de m'émouvoir. J'allais oublier Anne Guillou et ses recueils de nouvelles, pour les auteurs de romans policiers je croise souvent Françoise Le Mer, mais je la rencontre plus souvent, que je lis ses romans.
Passons sur les « Grands Anciens », mais ne méconnaissons pas leurs oeuvres, ils furent à des degrés divers des défricheurs qu'il ne faut surtout ne pas oublier, Glenmor (et oui il a aussi écrit et fort bien ma foi) Grall, Gwenig ou Hélias, pour ceux dont je connais un peu l'oeuvre, non sans avoir également une pensée pour tous ceux que je n'ai pas encore lus comme Jakez Riou ou Fanch Abgrall (je me soigne, j'ai acheté un de leurs livres).
Parmi les contemporains, celui dont j'ai le plus parlé est sans conteste Hervé Jaouen, ses romans politico-policiers furent à mon goût une découverte il y a quelques années. Ses deux recueils de nouvelles sont très réussis. Et puis il ne faut pas oublier « La mariée rouge » et « Au dessous du calvaire », mais j'aime beaucoup « L'adieu aux iles ».
Dans les plus classiques dirons nous, j'ai beaucoup d'estime pour Louis Pouliquen, qui dans un langage très simple fait passer un message très profond, la Bretagne c'est un vieux grenier, mais dans tout vieux grenier des merveille trainent!
Charles Mazedo que je croise souvent à la médiathèque de Lorient, le poète Charles Le Gouic, dont je connais mal l'oeuvre, Jakez Kerrien pour son livre « La roche percée ».
Parlons aussi des copains de salons, Christian Blanchard, Yvon Coquil, Laurent Ségalen, croisés un peu partout en Bretagne, et qui prouvent que Brest est une pépinière d'auteurs de romans policiers.
Parmi ceux-ci figure également Gérard Chevalier, qui a fait une entrée remarquée dans le monde de la littérature avec son premier roman « Ici finit la terre ». Ne pas oublier Jean-François Coatmeur, dont le premier livre lu est « Les sirènes de minuit », il y a quelques temps! Sans oublier le sympathique Jean Failler dont j'aime beaucoup les recueils de nouvelles. Un auteur que je viens de découvrir, Pierre Le Coz, est lui aussi cité dans ce bottin des auteurs finistériens. Parmi mes prochaines découvertes figurent également Jean-Pierre Abraham, Jean-Pierre Boulic, Annaig Le Gars et beaucoup d'autres.
J'aime bien lire les ouvrages d'Hervé Bellec, avec une prédilection pour ce grand livre qu'est « La nuit blanche », juste récompense il sera cette année président du Salon des écrivains breton de Carhaix. Coup de chapeau aussi à ce département qui organise deux grands salons littéraires, car en plus de Carhaix, il ne faut pas oublier le salon du roman policier de Penmarc'h avec son célèbre prix du « Goéland Masqué » et dont l'ambiance est très chaleureuse.
Pour la littérature en breton et la BD, je laisse la parole à de meilleurs spécialistes que moi, car pour cette dernière à part « Bran Ruz » qui est superbe, ma bibliothèque est à marée-basse, très basse!
Les personnages sont ici les auteurs ayant des liens avec le Finistère, bien évidemment! Les visiteurs occasionnels (et ils furent nombreux) ainsi que les anciens, les modernes et dans tous les genres.
Voilà, provisoirement je referme cet ouvrage, il ne fait pas parti des livres que l'on lit, mais de ceux que l'on parcoure, un peu tous les jours. Les côtes du Finistère sont belles et un peu sauvages, ses romans aussi souvent, rien n'est lisse ici ! En disant cela je pense qu'il y a de belles écritures dans le Finistère, comme dans toute la Bretagne d'ailleurs, alors un petit retour au « Pays » s'impose parfois.
Le cadeau idéal et une découverte pour les non-bretons, et pour moi une source de renseignements d'une grande richesse. J'ai encore de belles lectures en perspective mais je me pose une question: reste-il des auteurs bretons hors du Finistère? Surtout que certains sont bien vite « naturalisés »! Et je ne parle pas ici uniquement de Jack Kerouac que la plume de Patricia Dagier et Hervé Quéméner nous fait revivre! Quelques morceaux choisis pour terminer.
Gérard Alle : à propos du Kouing-amann
«  Qui ne connaît cette spécialité douarneniste ne connait rien de la gourmandise. Aucun gâteau au monde ne concentre autant de beurre. Un défi à tous ceux qui veulent absolument nous faire maigrir. Une drogue dure en vente libre »
Georges Perros :
« la mer ne rend pas intelligent
Mais elle empêche la bêtise. »
Xavier Grall.
« Un balcon sur la mer. Avec devant soi tout l'espace de la baie de Concarneau, l'arc des grèves, les lochs, les petites maisons blanches et les hameaux repliés sous les pins maritimes comme des bêtes frileuses ».
Paol Keineg :
….bonjour à toi
mon peuple et mon pays
légataire de notre éternité....

13,00
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25 juin 2010

Une soirée calme à l'hôtel Calpe !

Troisième roman de cet auteur australien que je lis. Hélas, à première vue, les seul qui aient été traduits en français. Mystère de l'édition! Encore un livre décoiffant montrant une Australie loin des clichés habituels.

Ce roman commence dans un tribunal, trois voix interviendront tout au cours de l'histoire, le procureur, l'avocat de la défense et le juge. La question est quelqu'un est mort, cela est acquis, mais volontairement ou pas? Accident et malchance? Témoignages plus qu'alcoolisés brouillant les pistes! Le tribunal vous rappelle les faits pour un jugement en votre âme et conscience!
Le décor du drame est un hôtel australien, qui sert de lieu de détente ou plutôt de défoulement à une jeunesse qui vient pour boire et se trouver un ou une partenaire pour une soirée. John Verdon est chargé d'estourbir les boeufs à l'abattoir , et il a travaillé ce samedi matin. Et pas trop bien, il a eu des problèmes avec deux des animaux, ce qui ne l'a pas mis dans de bonnes dispositions, et son temps de boisson en est donc réduit d'autant. Il est accompagné de son ami Bob Harris, l'égorgeur de service aux abattoirs, il rencontre d'autre bouchers, la bière coule!!!!!
Peter Watts est seul, il est toujours seul, ne s'intégrant dans aucune bande, perpétuellement rejeté malgré toutes ses tentatives. Il cherche une fille pour la soirée, une jeune brune à l'opulente poitrine l'inspire, il s'en approche doucement, ce qui entraîne des remarques désagréables de la part de John. Car en plus de sa consommation d'alcool, John a son quota de sexe à remplir(?) deux le samedi, un le dimanche. Et ce samedi à sa question rituelle « Tu veux baiser », la fille répond «  5 dollars ». La moitié de sa récolte est faite mais il est un peu vexé! Car ses statistiques le prouvent, à force de demander en nombre suffisant, il y a toujours une réponse positive ou même plusieurs! Surtout que le jeune « Pédé » fait du charme à la brunette qui a refusé ses avances! Buvons un coup, cela fera passer la pilule! Surtout que les problèmes arrivent à grand pas, après le sexe, la bagarre!
John Verdon a vingt ans, être frustre, il aime son métier, tuer un animal l'enchante, l'amenant presque à la jouissance. Sa vie est bien réglée, boulot, goulot et dodo. Le week-end, s'il trouve quelques filles saoules et consentantes, c'est bien mieux. Mais attention, faut pas le chercher l'abatteur, surtout quant il n'a plus toutes ses facultés, enfin s'il n'en a jamais eues d'ailleurs.
Peter Watts, lui, a dix-sept ans, ses longs cheveux blonds et la chemise qu'il porte ce soir là le font cataloguer de « pédé » aux yeux des nombreux hommes de l'assistance . Et puis n'a-t'on pas idée d'être bien habillé, mais pieds nus sur une piste de danse, et en plus faire du gringue à une fille qui est convoitée par un autre, ce n'est pas forcément une très bonne idée! Même si la fille semble consentante ou même dans un état second!.
Mick Buchanan, le gérant de l'hôtel, connaît toutes les ficelles du métier, même celles qui frisent l'illégalité . Mais comme tout bon citoyen, il participe aux bonnes oeuvres de la police, enfin aux bonnes oeuvres du représentant de l'ordre des environs. Il se débarrasse du personnel à sa guise, donc la loi du silence règne en cas de coup dur. L'auteur le dépeint comme un être hideux. Son seul point faible, son chat Mol, qui lui aussi est un monstre.

Bob Harris, lui c'est le bon copain, tour à tour tentant de résonner John, et peu après lui obéissant servilement.
A la lecture de ce livre, on se demande si les week-ends de notre douce France ne sont pas des kermesses paroissiales! C'est alcool et sexe à volonté, et violence avec ce côté affaire entendue, c'est comme cela, pourquoi changer les mauvaises habitudes! Il y a dans cette oeuvre un côté glauque et désespéré et également désespérant !

Inéluctablement on sent la catastrophe venir. Une chute finale en forme de feu d'artifice, pour clore ce roman inclassable avec encore une fois des personnages plus pitoyables les uns que les autres!

roman

Tourisme Media

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22 juin 2010

Le club des V

Je trouve l'idée de cette collection créée par Sandrine Banessy très intéressante. Raconter la France à travers des romans noirs associés à une région (pays, colonies etc...) et à une époque de l'histoire de cette province.
Nous sommes à Lugdunum Converanum (l'actuel Saint-Bertrand-de-Cumminges) et Crasius Vespasianus, débauché notoire, mais membre d'une riche et puissante famille, est découvert assassiné.....

Hadrianus Trévius, dans un premier temps, préfère parler d'accident, ce qui surprend Valerius Falco. Mais des décisions graves sont en discussion à la curie concernant les finances publiques, et l'harmonie entre les gaulois et les romains n'est pas des plus solides, et Hadrianus sait qu'il joue son avenir politique, surtout que sa fille, Staia, devait épouser Crasius. Mais Quintius, le père de la victime, n'est pas dupe, il veut que le coupable soit puni surtout que le poignard qui a servi à tuer est une arme gauloise. Il pose un ultimatum, son fils avait vingt cinq ans, il donne vingt cinq jours aux autorités pour découvrir l'assassin de son fils....
Un autre magistrat, le propréteur Rufus Riego, arrive de Tolosa pour reprendre l'enquête, car entre temps Balbius Iassus, un ami de Crasius, est trouvé mort dans sa chambre, piqué par un serpent qui visiblement n'est pas venu là tout seul......La peur s'installe, et les agissements nocturnes de Crasius et de ses amis sont-ils la cause de ces morts violentes?
Mais Rufus Riego et ses premières décisions attisent les tensions, surtout que la vérité au sujet des meurtres se fait jour et qu'elle n'est pas des plus glorieuses pour l’aristocratie romaine des environs...
Valerius Falco, le légionnaire, vieux soldat revenu de moult campagnes, aspire à la retraite, à un retour chez lui en Italie près de sa femme et de ses enfants. Le marché qui lui est proposé est simple : trouver un coupable, misérable de préférence, le tuer au cours d'une tentative de fuite et ne pas interroger les notables des deux bords....Chose qui le scandalise, mais pragmatique, il sait aussi que la domination de Rome n'aura qu'un temps.
Hadrianus Trévius, sénateur défendant la République romaine, vit une sorte d'exil. La fortune venue, il est un peu moins républicain et prêt à pas mal de reniement pour rentrer dans les grâces d'Auguste. Malgré tout en huit ans de présence, il est arrivé à une sorte de paix précaire mais durable que ces meurtres risquent de compromettre.
Rufus Riego est le prototype du fonctionnaire imbu des lois et de la supériorité des romains et de leur administration, son arrogance est mal perçue aussi bien par les romains que par les gaulois. Partisan de méthodes radicales, son arrivée et ses premières décisions risquent de mettre la région à feu et à sang...
Les temps changent, paraît-il, mais le monde est toujours le même! Déjà les magouilles politiques et financières gouvernaient les hommes! La jeunesse dorée de l'époque n'était pas plus intelligente et respectueuse de la vie des autres que celle de maintenant.
Un roman original par l'intrigue qu'il développe et par le contexte historique dans lequel il se déroule. L'opposition des civilisations est très bien décrite, chacun ayant ses propres contradictions, l'ordre et la discipline chez les romains, mais un sens moral pour le moins réduit, le goût du faste et du luxe, des mœurs pour le moins douteuses. Rufus Riego se voit offrir pour sa première nuit deux esclaves égyptiennes et un jeune homme. A lui dans faire l'usage qui lui semble bon! On trouve chez les personnages les réflexes de la majorité des colons. Rufus haït les gaulois ouvertement, Hadrianus les méprise.
Les gaulois vivent d'une manière plus rustique, encore marquée par des manières ancestrales, une certaine indiscipline, mais une morale plus rigide, le bannissement et le marquage au fer rouge sont les punitions pour les crimes graves.
Par contre les deux aristocraties s'accordent au nom de l’intérêt sur le fait qu'il est urgent de trouver UN coupable, faute de trouver LE coupable.
Un bon moment de lecture et une découverte très intéressante.

Éditions Allia

9,20
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17 juin 2010

Rencontre du troisième clic.....

Je découvre beaucoup en ce moment et relativement loin de mes lectures habituelles.
La présentation de l'éditeur est des plus sommaires : né en Italie en 1972, il vit à Paris et c'est son premier roman. Et luxe superbe, pas de quatrième de couverture, ce qui évite les commentaires dithyrambiques de Pierre, Paul, Jacques ou de journaux aussi prestigieux que la gazette locale d'un coin perdu de l’Arkansas!
Trois petits clics, je m'inscris, trois autres petits clics, je te quitte....Ou bienvenue dans l'enfer des clubs de rencontres sur le net.

Une ancienne copine persuade un homme que son amie vient de quitter de s’inscrire sur « Pointcommuns.com ». Il faut dire que ce monsieur n'est plus très fringant: vodka, cigarettes (de contrebande) Prozac et Lexomil, agrémenté d’œufs crus au poivre sont ses nourritures terrestres, le Web sa nourriture spirituelle! Le premier problème est l'art de remplir sa fiche, mêler mensonge et demi-vérité, se travestir, devenir un spécialiste des fausses pistes, répondre à des questionnaires etc.....

Au gré de ses rencontres, évidement surtout féminines, tout un échantillon de l'humanité défile dans la vie de Delacero. Plus souvent pour le pire que pour le meilleur, mais n'est-il pas le pire pour lui même?
Alors commence un jeu de cache-cache entre lui et ses correspondantes, les techniques s’affinent et sa vie devient celle de « Pointcommuns.com », sorte de microcosme de la société, mais avec l'énorme avantage de l'anonymat.
On retrouve en pire ce qui se passe un peu partout sur les sites (même littéraires), les grands esprits se mêlant de tout, nous gratifiant d'une plume condescendante leurs derniers écrits, parlant avec le même aplomb de l'élevage des vers à soie au fin fond du bush australien que des méfaits du muscadet pris en intraveineuse.

Certaines scènes frisent le vaudeville ou le théâtre de boulevard, les portes qui s'ouvrent et se referment, les maîtresses interchangeables, mais sans en avoir la légèreté et le côté festif.

Le narrateur répond à l'intriguant pseudo de « Delacero » qui est un personnage et employé de maison de plaisir de luxe italienne, celui que l'on pourrait nommer « Le troisième homme ». Manipulateur, il pousse le vice à se manipuler lui même. Je le trouve pathétique dans son espèce de quête du Grall de la femme, objet de tous ses fantasmes.

Un défilé de femmes, pas toujours de mannequins de mode, mais de paumées, quasiment toutes conscientes et consentantes, que le seul but de la démarche est pour les deux, un peu moins de solitude, mais qui passera obligatoirement par le sexe....
En tant qu'homme, je comprends certaines dérobades pleines de lâcheté au petit matin, quand l'ivresse sexuelle et alcoolique s'est évaporée....

Parfois pour changer un peu d'une longue litanie de prénoms féminins et de pseudos, une belle phrase comme celle-ci :
-Pour arriver chez elle, il suffit de descendre la rue des Martyrs comme on descend un fleuve calme.
Et également quelques références littéraires, Breton, Deleuze, et surtout René Crevel, et pour une des nombreuses « conquêtes » du narrateur, James Ellroy.

Je ne regarderai plus mon ordinateur de la même manière après la lecture de ce livre et je me dis que les relations entre les gens sont vraiment difficiles. Plus on communique d'une manière virtuelle, plus la solitude est grande.

Cela m'a remis en mémoire la première scène du film « Denise au téléphone » où une main jette dans une poubelle un repas intact qui n'a pas eu lieu, faute de participants...car tous ces gens ne se connaissaient que de manière virtuelle.

Un ouvrage intéressant et terrifiant sur les dérives de la société actuelle, mais qui laisse un sentiment de malaise. Le constat est, enfin il me semble, que plus les moyens de communications sont sophistiqués, plus la solitude est grande et les clubs de rencontres sur internet n'y changeront pas grand chose.

C'est la vie sur « Tristesse@Pointcom » dans un monde de doubles et de dupes et de pseudos et de faux semblants.

Conseillé par
16 juin 2010

Gratinées et épicées !

Je ne connaissais pas cet écrivain, alors je me suis renseigné et les éditions « Siloé » m'ont fait parvenir cette présentation faite par l'auteur elle même :
J'ai été élevée jusqu'à l'âge de 8 ans dans une famille d'artistes. J’ai participé à des défilés de mode, à des films, à des concours de beauté... Puis, enfermée dans des institutions religieuses très strictes jusqu'à mes 17 ans, j'ai eu tout le loisir de méditer sur ma splendeur passée.

La lecture, seule distraction autorisée avec le chant, a été ma compagne et ma passion, avec une prédilection pour Maupassant et Mauriac, le théâtre de Montherlant, des auteurs oubliés comme Edouard Estaunié (Les choses voient, L'Empreinte)... Et puis j'ai dévoré tous les Agatha Christie, les Maurice Leblanc, les Simenon, les Exbrayat, et aussi les livres de Gaston Leroux.
Maintenant je vis comme miss Marple, j'observe mes semblables et je les dissèque avec amour.
Avec amour soit, mais avec un œil très critique également.
« La daube une recette qui me vient de ma mère » est dans un certain sens (un des cinq) l'entrée de ce livre. Daube, mot féminin, recette de cuisine en général du bœuf, qui se prépare à l'avance. Daube en argot, mot féminin qui désigne quelque chose ou quelqu'un sans valeur (et non pas sans saveur). Pour faire court, ne jamais dire à la cuisinière que sa daube est de la daube, elle pourrait ne pas apprécier....La vengeance est un plat qui se mange froid.
« Drôle de naufrage » baigne dans une ambiance marine, le capitaine Piccolo ayant trop picolé avait du mal à garder le cap, mais oh mirage! (on parle de mirage dans le désert, mais en mer?...) une vieille maquerelle est changée en sirène , il en est tout déboussolé.....
« Complot de famille », le pot, certains en ont, d'autres pas ! Noël n'est pas la fête des pères même si on parle de Père Noël, par contre cela pourrait bien être la fête de certains pères, impair et père, il faut choisir! C'est vrai le père Noël est une ordure. Eh oui mon bon Monsieur, ce sont toujours les meilleurs qui partent les premiers....
« La foi selon tante Laure », c'est la vie de Dominique, sa mère l'a abandonné pour un pilote de ligne, le ciel est à elle, le septième aussi peut-être! Alors le pauvre garçon atterrit chez Laure, la dévote, du genre de celle que décrit Jacques Brel dans sa chanson « Les bigotes ». Bénédiction et goupillon cela équivaut pour lui à rébellion et divagation. Avec ses compagnons, il ne multiple pas les pains mais les litrons. Du cinq étoiles, pas celui de messe, mais plutôt celui du mess des simples matelots....

La vie n'est pas toujours rose pour « Crevette », mais plutôt grise, le bouquet est rarement de sortie, son sort c'est plutôt celui de Cosette...Les crevettes lorsque j'étais enfant, on les trouvait dans les trous d'eau quand la marée descendait... Une histoire très sombre......
« Êtes-vous un bon père? » décrit un futur plutôt angoissant, un clic par-ci, un clic par-là, double cliqué pour faire tout disparaître, clic, clic.....

La vengeance est un plat qui macère longtemps, et « Une promesse est une promesse », ne l'oubliez pas, jeune fille de la ville, un brave garçon, paysan un peu obtus, vous a un soir attendu....
« Ventre affamé » n'a pas d'oreille dit-on, mais dans cette version moderne d'Adam et Eve, Adam a faim, Eve fait une course d'obstacles avec jockey (spécialiste du plat , peut-être?) et Peggy pleure dans son berceau... Morale ne jamais dire à un jockey, j'ai oublié de faire les courses....ou alors sortir son joker à ce moment là !

Attention les personnages sont souvent navrants pour ne pas dire consternants. Le fils et la mère par exemple, copies conformes, qu'il doit être pénible de supporter pour le repas du dimanche midi. Marinette, elle, est une chouette nénette, ce n'est pas le Capitaine qui dira le contraire je pense. Avoir trois garçons et les prénommer Damien, Côme et Pacôme, cela n'aide pas forcément à l'amour filial. Prenez Gabrielle, veuve dans un village abandonné, dans une rue désertée, mais elle attend, le retour de …. manivelle, non elle a déjà donné, la pauvre. Et peu avant son trépas, enfin miracle, Marco est revenu. Meurt en paix Gabrielle....Un autre personnage féminin, Suzanne, ancienne monte en l'air, visiteuse de demeures bourgeoises, mais à soixante dix ans, l'acrobatie ne paye plus, alors il faut envisager de se reclasser, car pas question de retraite ou de pension. Elle revêt son plus bel habit noir et change son prénom pour celui d’Émilie ...Prenez Mireille et Gégé, ce n'est pas la vie rêvée, mais enfin chacun en a pris son parti, Gégé se console dans les revues pleines de belles filles nues que lui prêtent un copain. Mireille collectionne les poupées, sauf qu'un jour.... Il faut bien reconnaitre que les personnages masculins sont particulièrement affligeants....et c'est peu dire, surtout les maris qui sont en général pathétiques...Sauf Henri, mais Mathilde, son épouse, avait une dent contre lui....

Pour parler de ce livre je reprendrais une expression fort usitée dans la publicité » « Petit mais costaud ».
J'aime bien ce genre d'histoires politiquement très incorrectes, genre humour noir qui fait rire jaune.
C'est très réussi, parfois cruel, mais en général pour des gens qui le méritent, et même si ce n'est pas toujours apparent la morale est sauve (qui peut aussi...) jubilatoire souvent hilarant par moment, un livre à découvrir et a consommer sans modération. J'ai beaucoup aimé, mais je reconnais bien volontiers que je suis très bon public pour ce genre d'ouvrage.