Lire à Guingamp les 9 et 10 mars 2019

Gisèle Bienne

Gisèle Bienne, née en 1946 dans l’Aube, est romancière et essayiste. Elle vit et travaille à Reims et est l’auteur de romans, récits et essais parus en littérature générale, ainsi que d’ouvrages destinés à la jeunesse. Elle a animé pendant dix ans des ateliers d’écriture.
Elle a publié, entre autres, Retrouver le petit frère (littérature jeunesse), et La brûlure, suivi de Marie-Salope. À paraître au premier trimestre 2019 : La malchimie, aux éditions Actes Sud, dans la collection Un endroit où aller.

Éditions des femmes-Antoinette Fouque


Elle travaille allongée sur une chaise longue, lit ou écrit pour la revue, et c'est tellement agréable qu'à défaut de l'acheter elle envisage de louer la villa pour un an. Dans cette région protégée du vent, les orangers, les mandariniers et les citronniers prospèrent. C'est le Sud par excellence. De la villa en surplomb, Katherine voit la Méditerranée d'un "bleu de jacinthe foncé", et elle l'entend du jardin. Les maisons sont "toutes colorées dans le soleil". Des femmes font sécher le linge sur les orangers. "Peut-être le soleil confère-t-il de la beauté à toutes les activités humaines." Cette lumière, si elle n'apaise le feu de la maladie, agit comme un baume sur ses récentes blessures.

G. B.


10,00

Ludovic a tout accepté, tout subi jusqu'à aujourd'hui. Escrime le lundi, séances de documentaires le mardi, piscine le mercredi matin, piano le mercredi soir, expression théâtrale le jeudi, visites aux musées le week-end... pour être un garçon accompli. Les séjours enfermé dans le garage, deux ou trois heures à chaque fois, sans lumière, quand il avait déçu son père... pour être un garçon réfléchi et corrigé. Les projets des autres pour lui, projet parental d'enfant parfait, projet professoral d'élève modèle, grand projet de classe sur la ville idéale. Aujourd'hui, Ludovic dit stop. Il sera comme il est : ni accompli, ni réfléchi, ni parfait. Il est lent, il est mou, il est trop gros, il est réfractaire. Il n'est plus le projet de personne. Il est devenu un étranger pour ses parents et pour sa soeur. Il n'a plus qu'un seul ami : son oreiller. Il a le trac en permanence. Comme il aime la vie, pourtant ! Caresser les bêtes, goûter les gâteaux, jouer, rêver... Alors, ce matin, c'est décidé. Ludovic veut que tout s'arrête. Tout, sauf le sommeil et la douceur.


« J'attirerai tous les regards, je rendrai les gens heureux. Je serai digne de l'estime de mon public et de celle de mon entraîneur. Je serai un champion. » Sa passion pour le football, Boris ne sait pas d'où elle vient. Pour tâcher de l'apprendre, il lit en cachette les carnets intimes de sa soeur et marraine. Éléonore a tout noté, depuis l'enfance, avec tact. Le tact, Boris adore ça. Se sentir aimé, ça aide à grandir et à défendre les buts. Cette passion, Boris ne sait pas non plus où elle va le mener. Il sait seulement qu'il s'entraîne partout où il peut, sur les terrains vagues et aussi au fond du couloir de l'appartement, avec des joueurs miniatures en allumettes dont il commente les exploits à haute voix. S'il ne devient pas champion, il sera peut-être reporter sportif ? Il sait que le ballon est pour lui un soleil qui brille même quand le soleil manque. Et une passion pareille mène forcément très loin.


10,00

Mylène a croisé Marco à 2000 mètres d'altitude, au milieu des fleurs et des rochers de la vallée de la Haute-Tarentaise. Il lui a tout de suite plu avec son regard étrange, ses cicatrices, ses sabots fissurés et son mystère. D'où venait ce cheval noir ? Quelles aventures avaient pu le mener jusqu'à la prairie aux poneys de son oncle ? Là où Mylène imagine un fougueux destrier à la retraite, son oncle ne voit qu'un cheval vieux et fatigué, une bouche à nourrir de trop. Et le dur montagnard est bien capable d'appeler les gens de l'abattoir pour s'en débarrasser. Pour mettre Marco à l'abri, Mylène se sent capable de braver l'autorité de son oncle, d'affronter la montagne et les éléments déchaînés. Comme si sauver ce cheval, c'était sauver une partie d'elle-même...