Lire à Guingamp les 9 et 10 mars 2019

Pierre Adrian et Philibert Humm

Né en 1991, Pierre Adrian vit à Paris. Son premier livre,
La Piste Pasolini, fut couronné en 2016 du Prix des Deux-
Magots et du Prix François Mauriac de l’Académie Française.
Son deuxième livre, Des Âmes simples, a reçu le Prix
Roger-Nimier et le Prix Spiritualité d’Aujourd’hui 2017. Pierre
Adrian a participé à la réédition de L’Inconnue me dévore, de
Xavier Grall, pour lequel il a rédigé la préface.
Né en 1991 également, Philibert Humm est journaliste.
Amis d’enfance, ils sont co-auteurs de Le tour de France de deux enfants d’aujourd’hui,
aux Éditions des Équateurs. L’envie de décamper les pousse à mettre leurs pas dans ceux
des héros du Tour de la France par deux enfants : ce bestseller mythique de la IIIe République,
au parfum d’encre violette, de craie et de grandes vacances. À leurs côtés, nous
embarquons à bord d’une Peugeot 204 ou d’un voilier, roulons à bicyclette, en autocar
ou en TGV. Des villes fortifiées aux matchs de football, des cathédrales aux bars PMU,
c’est une valse à deux temps sur les routes de la France, de l’enfance et de l’amitié.

Pierre et Philibert sont deux amis d'enfance, majeurs mais pas tout à fait vaccinés, que l'envie de décamper pousse à faire le tour de France en posant leurs pas dans ceux des frères Volden, les héros du très populaire Tour de la France par deux enfants, le livre d'Augustine Feuillée, dite G. Bruno, célèbre manuel scolaire de lecture courante, qui fut aussi un ouvrage de propagande civique de la IIIè République et vendu depuis à 10 000 000 exemplaires. Le pari des amis est de refaire Le Tour de la France par deux enfants, version 2017 !  « Depuis 1877, la France avait bien changé. Des villes nouvelles étaient nées, d'autres avaient périclité mais le gros des communes restait en place. Voilà qui était rassurant. Avec Philibert, on voulait faire au mieux. Suivre leur route et se permettre quelques incartades en pays étrangers. Faire un pas de côté sur la carte. Surtout, il fallait qu'on se perde un peu. Les trains grande vitesse, les autoroutes et le GPS avaient supprimé le goût d'un risque : celui de se perdre. On filait sur des routes à quatre voies sans une halte dans les sous-préfectures. Le Morvan, le Gâtinais, Le Perche, le Beaujolais... On prendrait le chemin des écoliers. Départementales, nationales, et roule ! On dormirait dans des petites chambres d'hôtel en centre-ville, chez des amis et chez des amis d'amis. On dormirait dans notre vieille 204 s'il le fallait. Ouais, on serait les Kerouac lorrains. »  Voilà les deux « enfants » partis sur les routes de France pour un road trip drolatique et passionnant à travers l'Histoire et la Géographie. Un voyage sur les chemins buissonniers et une plongée dans la France d'aujourd'hui. Celle des élections, de la désindustrialisation et de la mondialisation, celle des LIDL et des ronds-points, mais aussi celle des villes fortifiées, des bar-tabac-presse-loto-pmu-jeu, des rallyes automobiles, des fermes à l'abandon et des grands espaces vides.  À leurs côtés, nous embarquons, tantôt à pied, à bicyclette, en 204, et même en bateau, en écoutant Alain Souchon et Mylène Farmer, pour sillonner les paysages et écouter les vies de tous ceux qui se trouvent sur le chemin, comme autant de contes pour enfants : les hôtes de passage, le directeur d'une carrelagerie, un manoeuvre alsacien, un autostoppeur dreadeux plus savant que le guide bleu, etc Une épopée sur les routes de France et celles de l'enfance, un récit de voyage palpitant et enjoué qui réenchante le territoire et ses habitants.


14,00

À 23 ans, Pierre Adrian part pour l’Italie sur les traces d’un écrivain insaisissable et fascinant : Pier Paolo Pasolini. Du « Frioul vide et infini » aux errances dans Rome et ses « nuits sans frein », il hume, palpe cette vie à fleur de peau, à rebours de tous les clichés. Magnifique quand il provoque la société, Pasolini n’a cessé de bousculer les idées reçues. Quarante ans après son assassinat, il reste vivant au point de nous brûler. Premier détracteur des téléviseurs et de la vie quotidienne, il s’attaque à la société de consommation, loue les joies du football et de la vie pastorale, s’insurge contre la tiédeur bourgeoise, les sentiments institués, et s’acharne à tout désacraliser. Pour s’approcher davantage du sacré. Un récit de voyage au plus près de Pasolini, une enquête incarnée, mais aussi la quête d’un frère, d’un maître, d’un « meneur d’âmes, meneur de nos petites âmes paumées du nouveau siècle ».


18,00

Ce qui repousse les caméras m’attire. Ceux qui trébuchent, ceux qu’on ne voit pas. J’aime le fond de la classe. Le saccage et le sursaut, la poudrière, le foutoir, la beauté, les rêveurs : tout est au fond, chez les invisibles. Au fond des vallées. Cette leçon, je l’apprendrai aux côtés de frère Pierre. En citant saint Paul, il me dira que la véritable sagesse n’est pas celle du monde : « Si quelqu’un pense être sage à la manière d’ici-bas, qu’il devienne fou pour être sage. » 
Au cœur d’une vallée, aux confins de la France, un homme tient là seul par sa foi. Au plus près des vies minuscules – les bergers et les bêtes, les paumés et les vagabonds célestes –, il accueille les histoires murmurées, les hommes en perdition. Les croyants et ceux qui ne croient pas. Parce qu’« on ne peut plus faire comme si les gens avaient la foi. » Pour lui, cela importe peu. Jour et nuit, son portable sonne. Il accourt.
 
D’une plume taillée à la serpe, Pierre Adrian nous offre un récit éblouissant, à l’écoute des ténèbres et de la désespérance d’une époque.


13,00

"Je fus souvent dans ma famille un sujet d'étonnement. Ça continue. Quand, cet été, ma mère m'interrogeait sur mes projets de livres, je lui fis l'aveu que j'aimerais écrire un ouvrage mystique qui pourrait s'appeler Lettre à mes filles sur l'amour de Dieu. La surprise passée, il y eut dans ses yeux une larme de joie. Et mon projet se confirme. Et ma hantise me poursuit. Le temps est venu de transmettre à mes filles un héritage secret. J'aimerais ouvrir mes portes. Raviver les lampes. Indiquer les points fixes sur l'obscurité de la mer. Il n'y a que Dieu. À présent, il va falloir me mettre au travail, tisonner ce feu intérieur, avec un mélange de détresse et de joie. Je dirai tout. Je vais ouvrir le bief. Mes filles, pas trop de bruit. J'ai besoin de silence."
(Ce billet a paru dans La Vie en 1969.)  

Xavier Grall est un beatnik, un immense poète méconnu ou bien réduit à ses origines bretonnes. Il a pourtant marqué toute une génération et sa voix nous parvient aujourd'hui plus ardente que jamais.   L'inconnu me dévore est cette lettre qu'un père écrit à ses cinq filles, « ses Divines ». C'est un long poème, un cantique à la Terre, au doux clapot des vagues et à l'appel des matelots. C'est un acte de foi sans précédent en même temps qu'un véhément pamphlet contre l'Eglise des « bigots qui ont peur de tout : des femmes, de la vie, de Dieu et de l'enfer ».  
Xavier Grall raconte son « austère passé », son enfance d'abominations et de péchés. Puis, l'homme s'est affranchi, il a découvert la tendresse, l'amour, la liberté. Comme Bernanos, il fustige « la grande peur des bien-pensants », qu'ils soient réactionnaires ou progressistes. Il rejette le culte de l'argent, « du confort et de l'abdication ».  
Fils de Rimbaud, de Kerouac et de Céline, Xavier Grall est un barde rebelle, un insurgé solitaire et mystique dont les mots éclatent de couleurs, de colère, de sensualité et d'un « insatiable besoin de routes et de prières ».


7,80

Ce qui repousse les caméras m’attire. Ceux qui trébuchent, ceux qu’on ne voit pas. J’aime le fond de la classe. Le saccage et le sursaut, la poudrière, le foutoir, la beauté, les rêveurs : tout est au fond, chez les invisibles. Au fond des vallées. Cette leçon, je l’apprendrai aux côtés de frère Pierre. En citant saint Paul, il me dira que la véritable sagesse n’est pas celle du monde : « Si quelqu’un pense être sage à la manière d’ici-bas, qu’il devienne fou pour être sage. »
Au cœur d’une vallée, aux confins de la France, un homme tient là seul par sa foi. Au plus près des vies minuscules – les bergers et les bêtes, les paumés et les vagabonds célestes –, il accueille les histoires murmurées, les hommes en perdition. Les croyants et ceux qui ne croient pas. Parce qu’« on ne peut plus faire comme si les gens avaient la foi. » Pour lui, cela importe peu. Jour et nuit, son portable sonne. Il accourt.

D’une plume taillée à la serpe, Pierre Adrian nous offre un récit éblouissant, à l’écoute des ténèbres et de la désespérance d’une époque.

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«Un livre magnifique qui bouscule doucement nos lassitudes et notre indifférence.»
Xavier Houssin, Le Monde des livres.